Page:Chair molle.djvu/207

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La persécution, une guigne ; tout cela était des contes de grand’mère : elle le savait à présent. Sans doute, les malheurs ne lui avaient pas été épargnés, mais elle-même était cause de cette malechance avec sa mollesse et son ignorance de la vie. Comme les hommes avaient lâchement profite de sa sottise ! Les salops ! Elle les avait supportés, pour quelques-uns même elle avait eu de l’attachement. Plus souvent qu’on l’y repincerait. Georges l’avait-il assommée avec ses réflexions idiotes et comme il avait vécu sur sa bourse, pour finir par la planter là quand elle n’avait plus eu d’argent. L’officier Charles lui apparaissait comme un sale poseur ; il l’avait prise pour en faire parade vaniteusement. Bien gagné, l’argent qu’elle avait dépensé à sa guise. Tous pareils ! Léon ne valait pas mieux que le reste : six mois il l’avait poursuivie ; elle aurait été, sans lui, une brave ouvrière, intourmentée. Elle se remémorait ensuite l’indigne façon dont ce Léon l’avait abandonnée, parce qu’elle s’était amusée un peu en son absence ; comme si ce n’était pas lui qui l’avait habituée à faire la noce ! Tous des exploiteurs de la femme, des maquereaux, quoi ! Bon encore Donard ; celui-là, du moins, n’était pas hypocrite. Mais non, lui aussi était une canaille qui poussait sa femme à de sales actions, une si bonne personne, par nature. Lucie se méprisait encore davantage en