Page:Chair molle.djvu/230

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presque à ces colorations enfantines, jusqu’au moment où Zéphyr, qui s’était d’abord épandu en lamentations sur son malheur, finit par lui défendre de ramener cet homme dans sa chambre.

— De quoi, de quoi, ta chambre ? Mais v’la de beaux jours que c’est moi qui la paie cette cambuse ! Tu pourrais bien dire notre chambre, au moins ; et puis, nous verrons un peu si tu oses lui secouer la paillasse, t’es trop feignant pour ça.

Sans cesse la voix de l’amant s’élevait avec des intonations furieuses, éveillant la rue de son silence mort. Le rideau d’une fenêtre en face, s’était soulevé, et une tête avait apparu, le front collé à la vitre. Lucie l’aperçut, et gênée de cet espionnage, elle répondit tout bas :

— Bon ! tu seras encore bien content de venir déjeûner avec moi, demain.

— Ah ça ! pour qui me prends-tu, sale putain ! hurla Zéphyr. Non tu sais, j’en suis pas encore là.

Il avait empoigné le bras de la fille et le serrait avec des secousses brutales si bien que Lucie d’abord contente d’avoir excité cette colère, se fâcha tout à fait.

— Ah ! Monsieur n’en est pas encore là ! Elle est bonne celle-là ! Mais mon pauvre ami, voilà trois mois que tu en es là, trois mois que je t’entretiens comme un joli petit macq que tu es.

Elle s’emporta, furieuse, déballant les raisons