Page:Chair molle.djvu/71

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parce qu’on a mie des bellées capotes, on est un homme tout de même, pas vrai ? Alors de quoi ? Il y en a assez d’autres qui ont frotté t’panche ed’putain.

Les femmes s’éloignèrent, contristées.

Mais, dans la cuisine, l’aspect d’une table surchargés de victuailles, de bouteilles, de pâtisseries, les remit en joie.

Elles mangèrent avidement. Elles s’amusaient à conter l’histoire du jardinier qu’elles trouvaient très drôle maintenant. Et on trinqua à Madame, une si bonne personne. On fit l’éloge de sa propriété, en énumérant les splendeurs du jardin.

Laurence, ayant par mégarde, tiré de sa poche une des fleurs cueillies, la patronne la sermonna doucement. Toutes, enhardies par cette affectation de bonté, tirèrent également des fleurs de leurs mouchoir. Un fou rire les prit. Madame elle-même se tordait en répétant :

— Gamines ! Oh ! les gamines !

Le fermier en entrant interrompit leur hilarité. Lucie soupira, attendant l’annonce d’une catastrophe pressentie.

— Madame Donard. Ch’est l’voiture qui attend !

Des larmes vinrent aux yeux de la fille, quand il fallut remettre son chapeau. Ses regards étaient si troublés, qu’elle tourna ses brides à