Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/145

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Ses bergers s'appclant Guisin, Navarriii, Urléan- lin, ne sont bergers que pour la forme cl font résonner, sur leins chalumeaux, des sujets que Ronsard croit plus dignes du Louvre que le nom d'Amaryllis.

Mais qu'importaient ces raisons au génie aven- tureux du poëte?

L'Italie avait cultivé avec succès la poésie pasto- rale ; il a lu avec admiration YAminte et le Pastor Fido, récemment introduits en France. 11 veut, à l'exemple des poètes latins, s'essayer dans tous les genres, imiter partout les Grecs, et s'élançant hardiment sur leurs traces, « il embouche le flageol bravement, » comme l'a dit Yauquelin de la Fresnaye.

Si Ronsard ne se rend pas compte des obstacles qui entravent sa route, le lecteur sérieux devra se les rappeler avant d'ouvrir ses églogues ; autre- ment il se dégoûterait vite de cette fade lecture, et, voyant cette sorte de parodie des plus charmants vers de Virgile, ce bizarre accoutrement des ber- gers, ces noms si harmonieux de Lycidas et de Philis changés comme l'a dit Roileau, en ceux de Pierrot et de Toinon, il fermerait le livre pour ne plus le rouvrir. Si, au contraire, il se place en face de la réalité, et considère Ronsard aux prises avec les diftîcultés multiples dont nous venons d^