Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 135 —

Des libres oiselets plus doux est le ramage

Que n'est le chant contraint du rossignol eu cage,

Plus belle est une nymphe en sa cotte agraffée Aux coudes demi-nus, qu'une dame coiffée

D'artifices soigneux

Pour ce, je me promets que le chant solitaire Des sauvages pasteurs doit davantage plaire (D'autant (pi'il est naïf, sans art et sans façon). Qu'une plus curieuse et superbe chanson.

En réalilé, ses bergers ne sont pas aussi sau- vages qu'il veut bien le dii'e ; ils sont grossiers^ ce qui est bien différent. Il contredit lui-même, un peu plus loin, ce qu'il vient d'avancer, et il expli- que en ces termes que ses bergers ne doivent point être considérés comme des bergers ordinaires :

Pour ce, Envie, si tu pinces

Son nom de brocards légers.

Tu faux ; car ce sont grands princes

Qui parlent, et non bergers.

Et ailleurs, revenant encore sur la même idée, il ajoute :

Ce ne sont pas bergers d'une maison chaïupeslre Qui mènent, pou» salaire, aux champs leurs brebis paislre; ' Mais de haute famille et de race d'aïeux, Fils de roys, dont le sceptre a fait, en divers lieux, Trendjler toulc l'Europe et, en toute assm-ance. Conserve les troupeaux dans les herbes de France.