Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/183

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— 171 — d'Ecosse, récitait par cœur en marchant au sup- plice. An milieu d'interminables longueurs et de souvenirs inutiles de l'antiquité, on y rencontre de magnifiques passages, empreints d'une foi sin- cère :

Où est l'hoinnie, çà-bas, s'il a'esl bien misérable, Kt lourd d'entendement, qni ne veuille être liors De l'humaine prison de ce terrestre corps ; Ainsi qu'un prisonnier qui, jour et nuit, endure Les manicles aux mains, aux pieds la chaîne dure, Se doit bien réjouir à l'heure qu'il se voit Délivré de prison, ainsi l'homme se doit Réjouir grandement, quand la mort lui délie Les liens qui serroienl <;a miséi'able vie.

Pour ce, l'homme est bien sot, ainçois bien malheureux, Qui a peur de mourir, et mesmement à l'iieure (Ju'il ne pé'ut résister, ({ue soudain il ne meure. Se mocqueroit-on pas de quelque combattant Qui, dans le camp entré, s'iroit épouvantant. Ayant sans coup ruer, le cœur plus froid que glace, Voyant tant seulement de l'ennemi la face? Puisqu'il faut, an marchand, sur la mer voyager. Est-ce pas le meilleur, sans suivre le danger, Retourner en sa terre et revoir son rivage ? Puisqu'on est résolu d'accom[)lir un vovage, Est-ce pas le meilleur de bientôt mettre tîn, Pour rogaigîier l'hostel, aux rigueurs du chemin?

Tu me"diras encor que tu trembles de ciainlo D'un batelier ('bnroii. qui p.issc par coiitrainlr