Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/203

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— 101 — sage son sujet sous loiiles ses (aces el, en quelque sorte, le pindarise. Chez lui, même dans les mo- ments les meilleurs, on sent toujours l'artiste qui prend soin de son œuvre et cherche à en tirer tout le parti possible fTson lyrisme est avant tout une œuvre d'imitation : en écrivant ses odes et ses hymnes, il poursuit un double butque jamais l'in- spiration ne lui fait perdre ; il veut faire goûter Pindare et introduire son genre dans la littéra- ture française. Ses odes ne sont que le développement d'une théorie, une preuve à l'appui de son système, un corollaire de ses idées préconçues ^son désir, c'est de « redorer le langage français, » de le faire remonter à ce qu'il croit etie sa véritable source : la Muse Grégeoise. Pour cela, après avoir énoncé en prose ses vues générales, il donne en vers des échantillons de la poésie qu'il rêve.

L'ode, chez Victor Hugo, est également une œuvre d'art. Le poêle ne pindarise pas sur tous les sujets, comme le faitPionsard ; mais on peut remarquer que sa préoccupation est conslanU; et qu'il a toujours un but. Ce qu'il recherche avant tout, c'est de pro- voquer, par son lyrisme, l'émotion chez son lecleur ; c'est bien plus à la sensibilité' qu'à la raison (ju'il s'adresse : seulement, peu scrupuleux sur la nature de celtle émotion, lorsqu'il ne peut l'obtenir' par le sentiment, il chei-clio à la faire naître par la