Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/216

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— 20-4 — aborder les sujets philosophiques ; célèbri'-l-il la Justice on F Eternité'! ou sa Muse s'inspire-t -elle des souvenirs du christianisme? il préfère l'alexandrin, ou parfois, mais rarement, le \ers décasyllabique, comme dans V Hercule chrétien : Yiclor Hugo ne consacre la stroj)he de dix ou douze vers qu'aux matières les plus graves; il ne s'en sert que quand il prend un ton véritablement lyrique. Il saii d'ail- leurs, et c'est là une grande supériorité chez lui, varier la monotonie d'une trop grande régularité, en alternant les strophes, en changeant fréquem- ment de rhythmes. A la strophe décasyllabique, en succède une autre de quatreoude sixalexandrins, qui revient reposer agréablement l'oreille. Pourles sujets d'un ordre moins élevé, il choisit de préfé- férence les strophes de quatre ou de six vers.

Ronsard a commis une faute notable à l'égard de la prosodie française, quand il a écrit sa Fran- ciacle en vers de dix pieds. Celte erreur, il le dit lui-même, tient à ce qu'il trouve que « l'alexandrin ressemble trop à de la prose. » L'alexandrin, on le vit par la suite, est au contraire, le vers français par excellence, et toute grande (cuvre poétique devra nécessairement revétii- cette forme. Le vers de dix syllabes, avec sa césiue au (juati ième pied, a quelque chose de léger et de badin, qui ne peut convenir à la haute poésie, tandis que l'alexandrin,