Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— ^251 —

Restaura lion, et la distance est grande de Ronsard à Victor Hugo, Les deux siècles qui ont passé sur la France, ont apporté des modifications telles qu'elles suffisent pour exclure toute idée de rapprochement entre le patriotisme des deux poètes. Au moment où le génie poétique de Victor Hugo se révèle, on l'essent encore l'effroyable secousse qui vient d'é- branler, non-seulement la France, mais l'Europe entière. Abattue par la terrible tempête qu'elle vient de subir, lasse de quinze ans d'un despo- tisme absolu, ruinée par des invasions successives, la France a liàle de jouir d'un instant de ropos, et les premières années où chante le poëte, sont plei- nes de calme et de promesses. Mais on ne peut ce- pendant s'y tromper, ce calme n'estqu'apparent ; la plaie encore béante est prête à se rouvrir. Le sou- venir de la Révolution, présent à tous les esprits, maintient dans toute leur violence, les haines entre les partis. Deux puissances sont en présence : la souveraineté royale et la souveraineté populaire, et malgré les tentatives de rapprochement, elles sem- blent bien difficiles à concilier. Par un sinsfulier jeu du hasard, l'antithèse que Victor Hugo aimera tant plus tard, se retrouve déjà dans son berceau. A son origine se rattachentdeux couranis d'idées, non seulement différents, mais hostiles. L'un lui in- spire l'amour des principes nouveaux ; l'autre le