Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/269

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— 257 — Mais il ne peut nier que ses sympathies ne soient désormais toutes de l'autre côté; qu'il n'ait passé, avec armes et bagages, dans l'aulre camp, dans le camp des vainqueurs. 11 embrasse même leur cause à un point de vue plus élevé el se fait, en général, le champion des peuples contre les rois :

Je suis fils de ce siècle ; une erreur, chaque année.

S'en va de mon esprit d'elle-même étonnée,

Et, détrompé de tout, mon culte n'est resté

Qu'à vous, sainte patrie et sainte liberté.

Je hais l'oppression, d'une haine profonde;

Aussi, lorsque j'entends, dans quelque coin du monde,

Sous un ciel inclément, sous un roi meurtrier.

Un peuple qu'on égorge, appeler et crier,

Oh! alors, je maudis dans leur cour, dans leur antre. Ces rois, dont les chevaux ont du sang jusqu'au ventre; Je sens que le poëte est leur juge, etc.*.

Nous sommes loin, on le voit, du ton des Odes et Ballades, et toutes les protestations de fidélité sont vaines après un tel langage.

La muse de Victor Hugo prend des accents plus fiers encore, s'il est possible, lorsqu'il dépeint son pays dans ses relations avec les autres puissances, et lorsqu'il chante sa gloire militaire. La France, aux yeux du poëte, et Paris, qui en est l'âme, sont le

  • Feuilles d'automne.

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