Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/28

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— le- vers ces pâles el froides figures. De ce qu'Hector et Tiirnus sont vivants dans l'Iliade et l'Enéide^ on concluait que leurs copies devaient vivre égale- ment. L'essentiel, c'était que les figures fussent grandioses, les règles antiques rigonreusement ob- servées, « les carmes grandiloques, » selon l'ex- pression du temps. En résumé, on donna trop à la forme et pas assez au fond; la poésie fut par trop artificielle et son but véritable, l'élévation de l'âme vers de grandes pensées, trop souvent mé- connu. Voilà les défauts du seizième siècle; voilà ce qui le dislingiie absolument du dix-septième. Le dix-septième siècle, en effet, c'est avant tout le siècle de la pensée, de la raison ; c'est la perfec- tion de la langue, se mettant au service de la per- fection de ridée. On peut dire qu'en lisant les au- teurs de cette grande époque, Bossuet, Pascal, Racine, P'énelon, la Bruyère ou Molière, on éprouve, dans une certaine mesure, la même impression qu'en entendant un accord parfait; l'esprit et la raison sont tellement satisfaits qu'ils ne songent pas à demander autre chose. Tous ces grands hommes ont un but ui)i(pie, qu'ils atteignent toujours par des moyens différents, le vrai, le bien, le beau qui, dans leur esprit, sont inséparables, ou, pour mieux dire, qu'ils considèrent comme ne faisant qu'un, n'étant que les modes divers d'un seul el