Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/61

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sont mépris sur le génie de notre langue. Vivement frappés par les beautés étrangères, ils ont voulu les acclimater chez nous, oubliant qu'il en est de la langue d'un peuple comme de son climat, et que l'un ne se refait pas plus que l'autre. Ils ont échoué, comme il fallaits'y altendre; maiail y aurait injus- tice à trop critiquer leur erreur. Pour un instant, supposons-nous à leur place, entrons dans le cercle de leurs idées, et demandons-nous si nous n'aurions pas élé tenté d'agir comme e»ix, et surtout si, l'ayant fait, nous n'aurions pas cédé à la même ivresse, nous pourrions dire à la même naïveté d'orgueil.

Sept ans s'écoulent dans ces doctes études, con- sacrées d'une façon toute spéciale à la langue grecque. Homère et les tragiques, une fois étudiés sérieusement, Daurat poussa plus avant, et, cédant aux instances de Ronsard, initia ses élèves aux poètes d'un abord plus difficile, aux lyriques, à Pindareet à Lycophron. Celte dernière étude révéla à Ronsard son véritable génie ; il avait entrevu un horizon tout nouveau : il allait faire quelque chose après Pindare.

C'est en 1549, dernière année de cette longue retraite, que Ronsard, rentrant de Poitiers à Paris, fit, par hasard, la connaissance de Joachim de Rellay, qui devait se faire j)lus tard un nom illustre dans les lettres. Celui-ci étudiait le droit ({uand