Page:Chalandon - Essai sur la vie et les œuvres de P. de Ronsard, 1875.djvu/79

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curieuse à remarquer et à étudier de près ; il y a là plus que deux caractères qui se heurtent et se Iroissent, plus que deux individualités qui blessent; il y a deux génies qui répugnent entre eux, et se sont déclaré une guerre éternelle.

Pourquoi Ronsard et Rabelais se détestent-ils? Pourquoi Rabelais poursuit-il Ronsard de ses traits acérés et mordants? Pourquoi Ronsard ne respecte- l-il même pas la mort de Rabelais, et conserve-t-il jusque sur son tombeau une aigreur et un fiel qu'il ,a rarement connus? Par la même raison que La- martine n'aime ni Molière, ni la Fontaine, parce que chacun personnifie un de ces éléments qui se relrouvent toujours, qui sont le fond de la nature humaine, et que Victor Hugo a très-bien définis en les appelant l'un le beau, et l'autre le grotes- que. Ronsard chante, Rabelais rit; partant de points diamétralement opposés, ils ne peuvent pas se comprendre; des abîmes les séparent, et, l'un en face de l'autre, ils n'éprouveront qu'un mépris ré- ciproque.

Quel fut le résultat de cette querelle? Ronsard en sortit-il avec tous les honneurs de la guerre? Il est permis d'en douter. 11 fit un pas marqué dans la faveur de la cour et du roi (comme poëte, bien entendu et finit par éclipser lotalement Mellin. Mais après avoir dit hautement :