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une excellente éducation. Sur le compte de ceux-ci, par contre, nous sommes amplement renseignés.

L’aîné, Frédéric Wagner, qui fût le père de Richard, étudia le droit à Leipzig, puis, à l’exemple de son père, entra dans l’administration, où il parvint à une position des plus honorables. De combien son horizon intellectuel s’étendait au delà de celui qui est ordinairement le partage d’un greffier de tribunal, le seul catalogue des livres de sa bibliothèque, aussi nombreux que divers, en donne déjà une idée suffisante. Parmi ces livres figurent au premier rang ceux que nous a légués l’antiquité classique ; mais ce qui y frappe le plus, c’est le goût passionné que Frédéric Wagner devait avoir pour la littérature dramatique. Et si, très occupé qu’il était, l’employé ne pouvait consacrer que peu de temps au théâtre, il lui avait voué un culte dépassant de beaucoup celui d’un simple dilettante : la première représentation d’un nouveau drame de Schiller était chez lui l’occasion d’une fête de famille. Ses amis les plus intimes étaient des acteurs, et lui-même joua plus d’une fois un rôle, et non sans succès, dans des représentations d’amateurs.

Chez le père de Richard, donc, nous trouvons un penchant naturel et prononcé pour le théâtre. Cette disposition, déjà intéressante par elle-même, eut pour ses enfants, après la mort prématurée de leur père, survenue le 22 novembre 1813, six mois après la naissance de Richard, des conséquences de la plus haute importance. En effet, sa veuve épousa bientôt après Ludwig Geyer, comédien estimé, qui avait été le meilleur ami de son premier mari. Et d’autre part, c’est sur les instances de Frédéric Wagner que Geyer s’était voué au théâtre. Ainsi, par un concours tout particulier de circonstances, c’est bien à son propre