Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/362

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saisissantes, se retrouve en bien des passages de l’Anneau, comme dans Parsifal.

Ô mort !… mourir ! — Seule grâce !


s’écrie Amfortas.

Et Kundry ;

Ô sommeil — sommeil — sommeil profond, ô mort !

Dans Tristan et Iseult, cette soif de mort, si souvent exprimée, et le désir d’aimer se confondent en une aspiration unique : « Désir, désir, aspiration que rien n’apaise, qui renaît, éternellement nouvelle, d’elle-même. — Langueur et soif ; seul salut : la mort, l’anéantissement, le sommeil sans réveil ! » C’est ainsi que le maître lui-même caractérise son drame de Tristan ; et il dit de sa conclusion : « C’est la volupté de la mort, de l’affranchissement suprême, de l’entrée dans ce merveilleux royaume, dont nous ne nous détournons jamais plus que lorsque nous cherchons à en forcer les portes. » L’appellerons-nous la mort ? N’est-ce pas plutôt le monde ténébreux et splendide, d’où le lierre et la vigne s’élevaient, enlacés, sur le tombeau de Tristan et d’Iseult, comme le veut la légende ? Mais la vigne et le lierre ne symbolisent point seulement Iseult et Tristan, mais aussi la double soif d’amour et de mort. Et à cette soif, quelle poignante expression le drame de Wagner sait lui donner !

On allègue que Wagner, « contrairement à toutes les règles de l’art », aurait incorporé la philosophie de Schopenhauer dans son drame de Tristan. Il est vrai