Page:Chamberlain - Richard Wagner, sa vie et ses œuvres, 1900.djvu/69

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aux Républicains, ni aux Démocrates, ni aux Libéraux constitutionnels ; et comme Wagner réclamait, pour rendre plus complète ce qu’il appelle l’émancipation de la royauté et du peuple, l’abolition de la noblesse, il déplut également aux Conservateurs. Ses ennemis l’exploitèrent immédiatement contre lui : aujourd’hui même, on n’a pas cessé de s’en servir pour attaquer le maître. Sa lettre si belle à l’intendant des théâtres, M. de Luttichau, lettre du 18 juin 1848, restera la meilleure réfutation qu’on puisse faire de ces accusations. Wagner y affirme derechef sa doctrine politique fondamentale : pour lui « la royauté peut et doit rester le centre intangible et sacré, autour duquel se grouperaient toutes les institutions populaires possibles. »

C’est en mai 1849 qu’eurent lieu les troubles de Dresde. Y faut-il voir, à proprement parler, une révolution ? Cela demeure douteux, car il y avait alors, en Allemagne, deux autorités régulières : à côlé des gouvernements locaux, royaux ou autres, siégeait le Parlement de Francfort, dont le pouvoir s’étendait à toute l’Allemagne, pouvoir qu’on avait le droit de considérer comme tout aussi légitime que celui des divers princes.

Mais bientôt la Prusse lança ses troupes. Cette action, que le Parlement de Francfort stigmatisa comme une violation grave de la paix nationale, n’était à proprement parler, pas dirigée seulement, ni même principalement contre la « révolte de Dresde » ; c’était, au fond, le premier coup joué sur l’échiquier politique pour humilier la Saxe et pour lui poser sur la gorge la botte de la Prusse. Après plusieurs jours de combat dans les rues de la ville, la révolution fut écrasée, et un jugement aussi effroyable qu’inique s’abattit sur ce malheureux pays. Les rapports officiels font grand bruit