Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/253

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DE CIÎlîIFORT. Q.-l[)

L'honneur et l'amour, la devise des chevaliers, c'est leur histoire et celle de France. Mais comment traiter un tel sujet ? L'honneur toujours sérieux , l'amour sérieux quelquefois , souvent trop peu , même jadis! Pourrai-je accorder des tons trop dif- férens , et peut-être opposés? Non , sans doute. Faut-il les séparer? faut-il choisir ? mais lequel abandonner? L'honneur ? Parmi vous, messieurs , devant le prince qui vous voit, qui m'écoute, et dont le nom seul rappelle aux Français toutes les idées de l'honnetu** ! L'amour? Qui l'oserait, lors- que celles dont la présence eût honoré les tournois, s'empressent d'assister à vos assemblées ? Que ré- soudre ? quel parti prendre ? Question embarras- sante , épineuse , du nombre de celles qui s'agi- taient autrefois dans ces tribunaux appelés cours d'amour, où l'on portait les cas de consience de cette espèce. La cour eût décidé , je crois , que l'ancienne chevalerie ayant uni très-bien l'hon- neur et l'amour , je dois , quoi qu'il arrive , je dois, en parlant de l'ancienne chevalerie , unir y bien ou mal , l'amour et l'honneur. ~ ^

Etrange institution qui , se prêtant au carac- tère, aux goûts, aux penchans communs à tous ces peuples du nord , conquérans et déprédateurs de l'Europe , les passionna tous à la fois, en atta- chant à l'idée de chevalerie l'idée de toutes les

��* M. le prince de Condé.

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