Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/282

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de l'acatlémie , ou il n'en a pas été. S'il en a été, tout va bien ; il n'a composé ses ouvrages que pour en être; sans l'existence de l'académie , il ne les eût pas faits , du moins il n'en eût fait que de médiocres : cela est démontré. Si au contraire il n'a pas été de l'académie, rien de plus simple encore; il brûlait du désir d'en être; tout ce qu'il a fait de bon , il l'a fait pour en être : c'est un malheur qu'il n'en ait pas été ; mais , sans ce but , il n'eût rien fait du tout, ou du moins il n'eût rien fait que de mauvais. Heureusement on n'ajoute point que , sans l'académie, cet écrivain ne serait jamais né. La conclusion de ce puissant dilemme est que les lettres et les académies sont ime seule et même chose; que détruire les acadé- mies , c'est détruire l'espérance de voir renaître de grands écrivains, c'est se montrer ennemi des lettres , en un mot , c'est être un barbare , un vandale.

Certes , si on leur passe que, sans cette insti- tution , la nation n'eût point possédé les hom- mes piodigieux dont les noms décorent la list(ï de l'académie; si leurs écrits forment, non ])as une gloire nationale , mais une gloire académique , on n'a point assez vanté l'académie française , on est trop ingrat envers elle. \jJin/nortaUlCy cette devise du génie, qui pouvait paraître trop fastueuse pour une corporation , n'est |>lus alors qu'une dénomi- nation juste, un honneur mérité, une dette que l'académie acquittait envers elle-même.

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