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DE CHAMFORT. 2 59

Mais qui peut admettre, de nos jours et dans rassemblée nationale, que la gloire de tous ces grands hommes soit une propriété académique? Qui croira que Corneille , composant le Cid près du berceau de l'académie naissante, n'ait écrit en- suite Horace, Cinna^ Poljeacte, que pour obtenir l'honneur d'être assis entre messieurs Granier, Salomon, Porchères, Colomby, Boissat, Bardin, Baudoin, Balesdens : noms obscurs, inconnus aux plus lettrés d'entre vous, et même échappés à la satire contemporaine? On rougirait d'insister sur une si absurde prétention.

Mais pour confondre, par le détail des faits, ceux qui lisent sans réfléchir, revenons à ce siècle de Louis xiv , cette époque si brillante de la lit- térature française , dont on confond mal à propos la gloire avec celle de l'académie.

Est-ce pour entrer à l'académie française qu'il fit ses chefs-d'œuvres, ce Racine, provoqué, excité dès sa première jeunesse par les bienfaits immédiats de Louis xiv; ce Racine qui, après avoir composé Andromaque ^ Britannicus , Béré- nice, Bajazet, Mithridate, n'était pas encore de l'académie, et n'y fut admis que par la volonté connue de Louis xiv, par un mot du roi équiva- lant à une lettre de cachet : Je veux que vous en soyez. Il en fut.

Espérait-il être de l'académie, ce Boileau , dont les premiers ouvrages furent la satire de tant d'académiciens; qui croyait s'être fermé les portes

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