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DE CHAMFORT. 283

et Dryden , leurs immortels traducteurs. Cor- neille, critiqué par l'académie française , s'écriait : J'ùniie Vun de mes trois Horaces ; j'en appelle au peuple. Croyez-en Corneille , appelez au peuple comme lui.

Eh! qui réclamerait contre votre jugement? Parmi les gens de lettres eux-mêmes , les acadé- mies n'avaient guère pour défensertrs que les en- nemis de la révolution. Encore, au nombre de ces défenseurs , s'en trouve-t-il quelques uns d'une espèce assez étrange. A quoi bon détruire , disent-ils, desétablissemens prêts à tomber d'eux- mêmes à la naissance de la liberté? En vous lais- , sant , Messieurs , apprécier ce moyen de défense , je crois pouvoir applaudir à la conjecture: et n'a- t-on pas vu, dans ces dernières années, l'accrois- sement de l'opinion publique servir de mesure à la décroissance proportionnelle de ces corps , jus- qu'au moment où , toute proportion venant à ces- ser tout à coup , il n'est resté , entre ces compa- gnies et la nation , que l'intervalle immense qui sépare la servitude et la liberté ?

Eh ! comment l'académie , conservant sa ma- ladive et incurable petitesse, au milieu des objets qui s'agrandissent autour d'elle , comment l'aca- démie serait-elle aperçue ? Qui recherchera dé- sormais ses honneurs , obscurcis devant une gloire à la fois littéraire et patriotique? Pense- t-on que ceux de vos orateurs qui auront discuté dans la tribune, avec l'applaudissement de la na-

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