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DE CHAMFORT. 287

tious placent dans un ordre de choses d'un choix phis exqiiis ; ils enibelUssent notre séjour ; ils doi- vent orner l'édifice , plut.it que d't^ii élever un semblable. L'homme étant ce qu'il y a dans le monde de plus intéressant pour l'honnne , a été le principal objet de l'étude des artistes. Ils l'ont considéré sous toutes les faces , sous tous les rap- ports qui le lient à ses semblables ; ils font observé dans presque toutes ces circonstances si nom- breuses qui opposent l'homme de la nature à l'homme de la société ; qui mettent aux prises ses goûts et ses intérêts , ses passions et ses devoirs. Entin , ils l'ont placé dans les attitudes les plus pénibles, et lui ont fait subir une espèce de tor- ture, pour arracher de son âme l'expression vé- ritable d'un sentiment profond.

Quelle a dû être la marche de leur esprit dans cette opération? qu'a dû faire le peintre ? qu'a di\ faire le poète? Ils ont regardé autour d'eux": l'un a vu que les hommes bien proportionnés étaient en petit nombre ; l'autre que la plupart d'entr'eux avaient* une âme faible et froide, indigne et inca- pable d'intéresser. Le peintre aperçoit un homme d'une stature plus haute que celle des autres ; il l'arrête ; il lui dit : Vous serez mon modèle. Le poète , à travers une foule méprisable , distingue un homme qui mérite son attention ; son âme est à la fois sensible et forte , ardente et inébranlable : Voilà, dit le poète , l'homme que je veux j3eindre.

L'artiste doit m'offrir sans cesse le sentiment

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