Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/331

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DE CHAMFOP.T. Soy

prit , de la tranquillité d'âme. J'allai à Athènes remercier Jupiter do m'avoir conduit au bonheur par une route si simple. 11 plut à un citoyen de s'étonner de me voir dans le temple , et me voilà devenu le patron de l'impiété. Je retournai dans ma retraite , bien résolu de cacher ma vie : c'était mon principal axiome. Ma morale était celle d'Epictète , si ce n'est que j'avais le ridicule de prétendre qu'il vaut mieux jouir d'une santé par- faite , que d'être tourmenté des douleurs de la gravelle. Je n'avais qu'un disciple, nommé Métro- dore , à qui je reprochais sa somptuosité , parce qu'il dépensait un sou et demi par jour ; je lui écrivais : Non toto asse quotidiè vivo ( ma dépense ne se monte pas à un sou par jour ). Nous étions heureux, et nous disions que nous avions trouvé la volupté. Je mourus, sans que personne se doutât que j'eusse vécu : mon disciple fit part aux siens de quelques-unes de mes lettres, où je prêchais la volupté , c'est-à-dire, la sobriété et le désintéres- sement. D'après mes idées , les fermiers de la ré- publique donnèrent aux Lais et aux Phrynés des soupes où ils dépensaient vingt-cinq mines : ils dirent qu'ils étaient épicuriens , et on les crut.

SAINT-RÉAL.

J'ai souvent déploré l'injustice du sort à votre égard : j'a\ais quelques matériaux ; je me propo- sais de donner im précis de votre doctrine , de

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