Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/471

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— L’Assemblée nationale de 1789 a donné au peuple français une constitution plus forte que lui. Il faut qu’elle se hâte d’élever la nation à cette hauteur, par une bonne éducation publique. Les législateurs doivent faire comme ces médecins habiles qui, traitant un malade épuisé, font passer les restaurans à l’aide des stomachiques.

— En voyant le grand nombre des députés à l’Assemblée nationale de 1789, et tous les préjugés dont la plupart étaient remplis, on eût dit qu’ils ne les avaient détruits que pour les prendre, comme ces gens qui abattent un édifice pour s’approprier les décombres.

— Une des raisons pour lesquelles les corps et les assemblées ne peuvent guère faire autre chose que des sottises, c’est que, dans une délibération publique, la meilleure chose qu’il y ait à dire pour ou contre l’affaire ou la personne dont il s’agit, ne peut presque jamais se dire tout haut, sans de grands dangers ou d’extrêmes inconvéniens.

— Dans l’instant où Dieu créa le monde, le mouvement du chaos dut faire trouver le chaos plus désordonné que lorsqu’il reposait dans un désordre paisible. C’est ainsi que, chez nous, l’embarras d’une société qui se réorganise, doit paraître l’excès du désordre.

— Les courtisans et ceux qui vivaient des abus monstrueux qui écrasaient la France, sont sans cesse à dire qu’on pouvait réformer les abus, sans