Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/94

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"JO OEUVUES

mis chez les Conti , les Vendôme, et parmi tant de sociétés illustres , fût tel que nous le représente une exagération ridicule , sur la foi de quelques réponses naïves échappées à ses distractions ? La grandeur encourage , l'orgueil protège , la vanité cite un auteur illustre , mais la société n'appelle ou n'admet que celui qui sait plaire ; et les Chau- tieu , les Lafare , avec lesquels il vivait familière- ment , n'ignoraient pas l'ancienne méthode de négliger la j>ersonne en estimant les écrits. Leur société , leur amitié , les bienfaits des princes de Conti et de Vendôme , et dans la suite ceux de Tauguste élève de Fénélon , récompensèrent le mérite de La Fontaine , et le consolèrent de l'oubli de la cour , s'il y pensa.

C'est une singularité bien frappante de voir ini écrivain tel que lui , né sous un roi dont les bien- faits allèrent étonner les savans du nord , vivre négligé, mourir pauvre, et près d'aller dans sa ca- ducité cherclier , loin de sa pairie, les secours né- cessaires à la simple existence : c'est qu'il porta toute sa vie la peine de son attachement à Fouquet , eimemi du grand C-olbert. Peut-être n'eût-il pas été indigne de ce ministre célèbre de ne pas punir une reconnaissance et un courage qu'il devait estimer. Peut-être , parmi les écrivains dont il présentait les noms à la bienfaisance du loi , le nom de La Fontaine n'eùt-il pas été déplacé; et la postérité ne reprocherait point à sa mémoire d'a- voir abandonné au zèle bienfaisant do l'amitié,

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