Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/130

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1)K CHAMFORT. I J (j

sir de recevoir était peut-être aussi délicat et plus vif. Un homme d’esprit, à qui on demanda son avis, dit : « Je ne demanderais pas lequel de3 deux plaisirs est le plus vif; mais je préférerais celui de donner ; il m’a semblé qu’au moins il était le plus durable ; et j’ai toujours vu que c’était celui des deux dont on se souvenait plus long- temps. »

— Les amis de M voulaient plier son carac- tère à leurs fantaisies, et, le trouvant toujours le même, disaient qu’il était incorrigible. Il leur ré- pondit : «Si je n’étais pas incorrigible, il y a bien long-temps que je serais corrompu. »

— « Je me refuse, disait M, aux avances de

M de B -, parce que j’estime assez peu les qua- lités pour lesquelles il me recherche, et que, s’il savait quelles sont les qualités pour lesquelles je m’estime, il me fermerait sa porte. »

— On reprochait à M. de d’être le méde- cin Tant-Pis. «Cela vient, répondit-il, de ce que j’ai vu enterrer tous les malades du médecin Tant- Mieux. Au moins, si les miens meurent, on n’a point à me reprocher d’être un sot. »

— Un homme qui avait refusé d’avoir madame de Staël, disait : « A quoi sert l’esprit, s’il ne sert à n’avoir point madame de.... ? »

— M. Joli de Fleuri, contrôleur - général en 1781, a dit à mon ami M. B.... : « Yous parlez toujours de nation ; il n’y a point de nation. Il faut dire le peuple; Iç peuple que nos plus anciens