Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/189

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l.’é OEUVRES

pérance. La majorité du clergé se décidait à la réunion, qui s’opéra le lundi 22, dans l’église de Saint-Louis, où l’assemblée nationale tint sa séance avec un recueillement plein de majesté, malgré !e concours des spectateurs" qui remplis- saient les bas côtés du temple. Les cent quarante- neuf pasteurs citoyens qui avaient signé la déli- bération du 19 pour la vérification des pouvoirs en commun, sortirent du sanctuaire après un appel nominal, et s’avancèrent en ordre dans la net, cessant ainsi d’être les représentans d’un ordre et devenus les représentans de la nation. Le vénérable archevêque de Vienne mêla, dans un discours touchant, les conseils de la concorde et le vœu de la liberté. Ses cheveux blancs, son éloquence paisible, le profond silence de l’assem- blée et de tout le peuple qui remplissait l’enceinte, la réponse du président pleine d’un sentiment doux et d’une dignité tranquille, les larmes de joie de dix mille assistans, les accens unanimes d’une sensibilité tout ensemble patriotique et religieuse, le retentissement des voûtes sacrées, le saisissement de tous les cœurs, le mélange de toutes les passions nobles et hères, peintes et rayonnantes sur tous les fronts et dans tous les regards, formaient un spectacle d’enchantement, nouveau sur la terre. Le souvenir de ces pures et délicieuses sensations est demeuré ineffaçable dans l’âme de ceux qui les éprouvèrent : il n’a pu être étouffé sous la multitude des sensations suc-