Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/253

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l[\1 OEUVRES

exécution, comme dans cette marche, une espèce d’ordre et même de subordination scandaleuse, sans que la police d’alors, qui était pourtant dans toute la vigueur de son activité, fit le moindre mouvement pour réprimer cet audacieux brigan- dage. Ce silence, ou plutôt ce sommeil volontaire de la police, devenue complice d’une troupe de bandits, fit soupçonner alors à plusieurs citoyens le secret du gouvernement, qui sondait ainsi les dispositions des gardes-françaises, et justifiait en quelque sorte l’approche des troupes étrangères, seules capables de prévenir ou de châtier de pa- reils attentats.

Quoi qu’il en soit de ce mystère plus odieux qu’impénétrable, et en se bornant au récit des faits, il est certain que des brigands répandus dans la ville et dans les faubourgs terminèrent leurs manœvres de cette journée du 12 juillet, par l’incendie des barrières. On y procéda méthodique- ment, comme on avait fait à celui de la maison du sieur Réveillon. Les barrières arrachées, on renverse les baraques des commis qui avaient pris la fuite. La foule du peuple assistait à cette opé- ration comme à un spectacle. Un moment après, arrivent des gardes-françaises qui se placent entre les spectateurs et les incendiaires, sans troubler ceux-ci ou leur porter le moindre empêchement ; ils paraissaient n’être venus que pour établir l’or- dre au sein même de ce désordre, et pour em- pêcher que le feu ne se communiquât aux mai- soris voisines.