Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/308

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(le canons qu’ils (1is])osent avec intelligence. lisse postent, se distribuent en honnnes expérimentés. Des voitures chargées de paille et brûlées an pied des remparts élèvent un nuage de fumée qui dérobe aux assiégés les manœuvres des assié- geans ; tandis que, du haut des maisons voisines, on écarte à coups de fusil les fusiliers placés sur le rempart. Soldats, citoyens, artisans, manœu- vres, armés, désarmés, la valeur est la même, la fureur est égale. Des pères voient tuer leurs fils, des petits-fils leurs grands-pères; des enfans de sept ans ramassent des balles encore brûlantes, cju’ils remettent à des grenadiers. Une jeune fille, en uniforme guerrier, se montre par-tout à côté de son amant. Un homme blessé accourt, s’é- crie : Je me meurs ; mais tenez bon, T7ies amis ; vous la prendrez.

Pendant cette attaque, une partie du peuple forçait l’arsenal et l’hôtel de la régie des poudres, et apportait à ses défenseurs tjes munitions de toute espèce. A chaque cour, à chaque porte, nouveau combat marqué par des actes d’un cou- rage héroïque. Elie, Hulin, Tournai, Arné, Réole, Cholat, vos noms chers à la patrie, im- mortels par cette journée, survivront à ceux de tant d’autres guerriers, d’ailleurs célèbres, qui n’ont versé leur sang que pour des maîtres, et n’ont servi, dans des combats inutiles, que l’am- bition des ministres ou les vaines querelles des rois.