Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/350

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décernés en ce Jour, ceux de régénérateur de la liberté nationale et de restaurateur de la félicité publique! titres qu’auraient enviés les Titus, les Trajan, les Marc-Aurèle. jNIais ces princes, que, mali;ré leurs vertus, la constitution de l’empire forçait à n’être que des despotes, ces princes ne devaient pas le trône à leur naissance. L’adulation superstitieuse qui, après leur mort, plaçait les emperi’urs ronjains an rang des dieux, ne les déi- fiait point dès le berceau; une religion antique n’avait point consacré leur puissance comme une émanation d’une autorité céleste ; le premier es- sor de leur raison naissante, les premiers mou- vemens de leur bonté naturelle n’avaient point été réprimés sans cesse par l’orgueil, les préjugés et l’intérêt de deux classes distinctes, placées entre’ eux et le peuple pour l’opprimer, l’avilir, et sur- tout le dépouiller au nom de leur maître com- mun. Tel est pourtant le sort des monarques de l’Europe et surtout des monarques français; c’est cet assemblage de circonstances qui a toujours atténué leurs fautes aux yeux de leurs sujets, ou les a fait rejeter sur ceux qui les conseillent; et de là sans doute la convention tacite qui semble avoir partout recommandé aux peuples, comme un de- voir de justice, l’indulgence pour les rois.

La renommée a fait retentir l’Europe de tous les détails de cette séance mémorable, où le roi entendit le langage de la vérité, simple et douce dans la bouche d’un de ses anciens officiers mu-