Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/351

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34o ŒUVRES

nicipaux, énergique dans celle du président des électeurs. Il y répondit avec une émotion tou- chante, se para du signe distinctif des Français, se montra au peuple orné de ce signe devenu le symbole de la liberté, confirma la nomination du maire et du commandant de la garde pari- sienne, et s’aperçut, aux acclamations uni . erselles, à l’expression de l’ivresse publique, qu’en dépit de ses ministres et de ses obsesseurs, il avait con- servé l’amour de son peuple. Alors ce cri si an- cien uiue U roi! sortit de toutes les bouches avec ce cri plus nouveau vi\’e ta nation! et, en se reti- rant, le roi les entendit retentir partout sur son passage. Â.lors, ces épées, ces lances qui, deux heures auparavant, sur le parvis de l’hôtel-de- ville, avaient présenté une apparence menaça*. te, et avaient comme formé au-dessus de la tête du monarque une voûte d’acier, sous laquelle il avait passé avec une surprise mêlée d’une terreur invo- lontaire, ces lances, ces baïonnettes, s’abais- sèrent respectueusement devant lui ; et le roi en ayant de sa main rabattu une qui restait haute danslam.ain d’un soldat, ce signe de paix, expli- qué par un sourire du monarque, mit le comble l\ l’allégresse générale.

La crainte et l’inquiétude avaient été chercher Louis XVI à Versailles ; l’amour l’y reconduisit. C’é- taient les mêmes hommes, et le cortège ne parais- sait plus le même; c’est que les cœurs étaient changés. Le peuple, qui se flattait d’avoir trouvé