Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/377

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3CG OEUVRES

la liberté qui voulaient pour chef militaire un homme d’un nom célèbre, il avait réuni ceux de la minorité de la noblesse, flattée de voir un homme de sa classe à la tête de la force armée, enfin ceux des ministres et des courtisans, qui supposent que l’amour de la liberté dans un noble n’est pas une passion dominante et indomtable. Le temps a prouvé qu’ils ne se trompaient pas. Ce la Fayette, que nous venons de voir applajidi, béni par le peuple en l’y 89, aujourd’hui, en i’C)2... O abyme du cœur humain ! ô contraste révol- tant ! le héros prétendu de la liberté, dès long- temps traître envers elle, vendu en secret à des rois, même en les offensant, forgeait ses propres chaînes en croyant préparer celles du peuple ! L’élève de Waghinston, qui, deux ans aupara- vant, avait envoyé à son maître les clefs d’une bastille française, se voit par une suite de ses tra- hisons dévoilées, conduit honteusement dans une bastille prussienne, vil jouet des rois dont il pou- vait être la terreur! Méprisable et insensé mor- tel, né pour faire voir que la gloire a ses caprices ainsi que la fortune, qu’elle peut quelquefois n’être qu’un présent du hasard, ei tomber, comme tout autiîe lot, entre les mains d’un être nul, sans talens et sans caractère! Que peiisent, que disent maintenant les Américains, en apprenant les cri- mes et même les bassesses de la Fayette, eux qui partout, sous leurs yeux, sous leiu’s pas, retrou- vent des monumens de sa gloire ? Des bourgs, des