Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/390

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DE CIIAMFORT. SyQ

Comment M. r>eclver, entouré de tous les honi- maies des citoyens rassemblés à riiôlel-dc-ville, n’eùt-il pas essayé d’obtenir de leur enthousiasme ce qui lui avoit été refusé par inie municijalité provinciale ? Sa demande, ])rincipalemcnt adres- sée aux électeurs fut accueillie avec transport ; et l’enthousiasme ayant saisi toute l’assemblée, les njots amnistie générale furent proclamés dans la salle, et })ientôt dans tout Paris. Au premier mo- ment la joie fut universelle ; mais bientit après le peuple s’écria que cet exercice de la souveraineté n’appartenait pas à ceux qui se l’étaient arrogé, que le terme marqué aux pouvoirs des électeurs était expiré, qu’ils étaient remplacés par ses repré- sentans provisoires, membres de la commune ; et que ceux-ci même ne pouvaient pas prononcer, au nom de la capitale, le pardon des crimes com- mis contre la nation.

Cette jalousie inquiète que montrait le peuple sur l’emploi, la gradation, les limites des pouvoirs confiés par lui, confondait cette foule d’hommes qui ne pouvaient se persuader que les Français fussent capables de réduire en acte ce dome de la souveraineté nationale, si nouveau pour la plupart d’entre eux, et pour ?.I. Necker lui- même, qui, dans son discoiu’s à la commune, lui avait parlé de la liberté sage dont les Français allaient jouir. Les soixante districts ne voulurent point de cette sagpsse. Ils sentirent qu’elle ten- dait à soustraire au glaive de la loi les cous-