Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/432

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Charles, s’applaiidissant de ses cruautés et de ses conquêtes, se voyait enfin paisible possesseur xle ses nouveaux états ; mais le sang qu’il fit ré- pandre, força bientôt ses sujets à se croire encore ses ennemis.

Conradin, ce fils de l’imprudente et sensible Elisabeth, caché depuis son enfance au sein de l’Allemagne, à quinze ans deux fois détrôné sans avoir porté la couronne de ses ancêtres, voyant les peuples mécontens, les croit fidèles. On lui représente euA-ain la double puissance d’un usur- pateur qui le brave, et d’un pape qui le proscrit; il s’arrache des bras d’une mère en pleurs, et court se montrer aux provinces qui le reçoivent avec joie. Le jeune Frédéric, duc d’Autriche, et dernier espoir de sa maison, renouvelle dans ce vil siècle l’exemple de ces amitiés héroïques consacrées dans l’antiquité ; il veut suivre et suit la fortune de Conradin son ami, dont il plaignait les malheurs, et partage avec lui les hasards d’une guerre qu’il croit trop juste pour être malheu- reuse.

Sous cet auspice, Conradin se présente en Ita- lie ; son audace, sa jeunesse, ses droits, ses pre- miers succès lui font bientôt un parti redoutable. Le pape qui commence à le craindre, l’excommu- nie : Charles le joint dans la Fouille et lui présente le combat.

Les jeunes princes firent dans cette journée des actions dignes de leur naissance et de la jus-