Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/52

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DE CrtAMFORT. 4’

— M.... disait à M. de Vaiidreuil, dont l’esprit est droit et juste, mais encore livré à quelques illusions : « Vous n’avez pas de taie dans l’œil ? mais il y a un peu de poussière sur votre lunette »

— M. de B... disait qu’on ne dit point à une femme à trois heures, ce qu’on lui dit à six; à six, ce qu’on lui dit à neuf, à minuit, etc. Il ajou- tait que le plein midi a une sorte de sévérité. Il prétendait que son ton de conversation avec madame de.... était changé, depuis qu’elle avait changé en cramoisi le meuble de son cabinet qui était bleu.

— J.-J. Rousseau, étant à Fontainebleau, à la représentation de son Devin du Village, un cour- tisan l’aborda, et lui dit poliment : « Monsieur, permettez-vous que je vous fasse mon compli- ment ? — Oui, monsieur, dit Rousseau, s’il est bien. » Le courtisan s’en alla. On dit à Rousseau : « Mais, y songez- vous ? quelle réponse vous venez de faire ! » — Fort bonne, dit Rousseau ; connais- sez-vous rien de pire qu’un compliment mal fait ?»

— M. de Voltaire, étant à Postdam, im soir après souper, fit un portrait d’iuibon roi en con- traste avec celui d’un tyran ; et s’échauffant par degrés, il fit une description épouvantable des malheurs dont l’humanité était accablée sous un roi despotique, conquérant, etc. Le roi de Prusse énui laisse tomber quelques larmes. «Voyez, voyez! s’écria M. de Voltaire, il pleure, le tigre ! »

— On sait que M. de Luynes, ayant quitté le