Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

4’i oiiuvr.r.s

service pour un souffJet qu’il avait reçu sans en tirer vengeance, fut fait bientôt après archevêque de Sens. Un jour qu’il avait officié pontificale- ment, un mauvais plaisant prit sa mitre, et l’écartant des deux côtés: «C’est singulier, dit-il, comme cette mitre ressemble à un soufflet. »

— Fontenelle avait été refusé trois fois de l’aca- démie, et le racontait souvent. Il ajoutait : « J’ai fait cette histoire à tous ceux que j’ai vus s’affli- ger d’un refus de l’académie, et je n’ai consolé personne. »

— A propos des choses de ce bas monde, qui vont de mal en pis, M... disait : « J’ai lu quelque part, qu’en politique il n’y avait rien de si mal- heureux pour les peuples, que les règnes trop longs. J’entends dire que Dieu est éternel ; tout est dit. »

— C’est une remarque très-fine et très-judi- cieuse de M..., que quelqu’importuns, quelqu’in- supportables que nous soient les défauts des gens avec qui nous vivons, nous ne laissons pas d’en prendre une partie : être la victime de ces défauts étrangers à notre caractère, n’est pas même un préservatif contre eux.

— J’ai assisté hier à une conversation philoso- phique entre M. D et M. L, où un mot

m’a frappé. M. D disait : «Peu de personnes et

peu de choses m’intéressent ; mais rien ne m’in- téresse moins que moi. » M. L lui répondit :

« N’est-ce point par la même raison ? et l’un n’ex-