Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/84

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— M. Lemière a mieux dit qu’il ne voulait, en disant qu’entre sa Veuve de Malabar jouée en 1 7-70, et sa Veuve de Malabar jouée en* 1781, il y avait la différence d’une falourde à une voie de bois. C’est en effet le bûcher perfectionné qui a fait le succès de la pièce.

— Un philosophe, retiré du monde, m’écrivait une lettre pleine de vertu et de raison. Elle finissait par ces mots : «Adieu, mon ami ; conservez, si vous pouvez, les intérêts qui vous attachent à la société ; mais cultivez les sentimens qui vous en séparent. «

— Diderot, âé de soixante deux ans, et amoureux de toutes les femmes, disait à un de ses amis : «Je me dis souvent à moi-même, vieux fou, vieux gueux, quand cesseras-tu donc de t’exposer à l’affront d’un refus ou d’un ridicule?»

M. de C...., parlant un jour du gouvernement d’Angleterre et de ses avantages, dans une assemblée où se trouvaient quelques évêques, quelques abbés ; l’un d’eux nommé l’abbé de Se’gue- rand, lui dit: « Monsieur, sur le peu que je sais de ce pays-là, je ne suis nullement tenté d’y vivre, et je sais que je m’y trouverais très mal. — M. l’abbé, lui répondit naïvement M. de C..., c’est parce- que vous y seriez mal, que le pays est excellent. »

— Plusieurs officiers français étant allés à Berlin, l’un d’eux parut devant le roi sans uniforme et en bas blancs. Le roi s’approcha de lui, et lui demanda son nom. « Le marquis de Beau-