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disait qu’il voulait se lier avec luj. Quelqu’un lui dit : « Prenez garde ; malgré son air grave, il est quelquefois très-gai ; ne vous y fiez pas. »

— Le maréchal de Belle-Isle, voyant que M. de Choiscul prenait trop d’ascendant, fit faire contre lui un mémoire pour le roi, par le jésuite Neu- ville. Il mourut, sans avoir présenté ce mé- moire ; et le porte-feuille fut porté à M. le duc de Choiseul, qui y trouva le mémoire fait contre lui. Il fit l’impossible pour reconnaître l’écriture, mais inutilement. Il n’y songeait plus, lorsqu’un jésuite considérable lui fit demander la permis- sion de lui lire l’éloge qu’on faisait de lui, dans l’oraison funèbre du maréchal de Belle-Isle, com- posée par le père de Neuville. La lecture se fit sur le manuscrit de l’auteur, et M. de Choiseul reconnut alors l’écriture. La seule vengeance qu’il en tira, ce fut de faire dire au père Neuville qu’il réussissait mieux dans le genre de l’oraison fu’ nèbre, que dans celui des mémoires au roi.

— M. d’Invau, étant contrôleur-général, de- manda au roi la permission de se marier ; le roi, instruit du nom de la demoiselle, lui dit : <.< Vous n’êtes pas assez riche. » Celui-ci lui parla de sa place, comme d’une chose qui suppléait à la ri- chesse : « Oh ! dit le roi, la place peut s’en aller et. la femme reste. »

— Des députés de Bretagne soupèrent chez M. de Choiseul ; un d’eux, d’mie mine très-grave, ue dit pas un mot. Le duc de Grammor t, qui