Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/98

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DE CHAMFOKT. 87

— M. fie Vendôme disait de madame de Ne- mours, qui avait im long nez courbé sur des lèvres vermeilles : « Elle a l’air d’un perroquet

qui mange une cerise. »

— M. le prince de Cliarolais ayant surpris M. de Brissac chez sa maîtresse, lui dit : « Sortez. » M. de Brissac lui répondit : « Monseigneur, vos ancêtres auraient dit : « Sortons.»

— M. de Castries, dans le temps de la que- relle de Diderot et de Rousseau, dit avec impa- tience à j\L de 11..., qui me l’a répété : « Cela est incroyable ; on ne parle que de ces gens-là, gens sans état, qui n’ont point de maison, logés dans un grenier : on ne s’accoutume point à cela. »

— M. de Voltaire, étant chez madame du Châ- telet et même dans sa chambre, s’amusait avec l’abbé Mignot, encore enfant, et qu’il tenait sur ses genoux. Il se mit à jaser avec lui, et à lui donner des instructions. « Mon ami, lui dit-il, pour réussir avec les hommes, il faut avoir les femmes pour soi ; pour avoir les femmes pour soi, il faut les connaître. Vous saurez donc que toutes les femmes sont fausses et catins.... — Com- ment! toutes les femmes ! Que dites -vous là monsieur, dit madame du Châtelet en colère ? — Madame, dit M. de Voltaire, il ne faut pas tromper l’enfance. »

— M. de ïurenne dînant chez M. de Lanioi- i>non, celui-ci lui demanda si son intrépidité n’é- tait pas ébranlée au commencement d’une ba-