Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/104

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nages nécessaires qui aient des raisons de se par- ler; qu'ils m'expliquent tout, sans jamais s'adres- ser à moi; que je les A^oie agir et dialoguer : sinon, vous êtes dans l'enfance de l'art. »

A mesure que le public s'est plus éclairé, il s'est plus dégoûté des longs monologues. Jamais un monologue ne fait un bel effet que quand on s'intéresse à celui qui parle, que quand ses pas- sions, ses vertus, ses malheurs, ses faiblesses font dans son âme un combat si noble, si attacliant, si animé , que vous lui pardonnez de se parler à soi-même.

C'est dans un opéra que les monologues sont plus supportables. On n'est point choqué de voir un homme ou une femme chanter seul et expri- mer par le chant les mouvemens de joie, de ten- dresse, de plaisir, de tristesse, dont son Ame est atteinte. C'est même souvent dans ces monolo- gues que le musicien déploie tout le brillant de son art; il peut se livrer à son génie; il n'est point gêné par la présence d'un interlocuteur qui demande à chanter à son tour.

DIALOGUE.

Lf. dialogue est proprement l'art de conduire l'action par les discouis des personnages, telle- ment que chacun d'eux dise précisément ce qu'il doit dire; que celui qui parle le premier dans une scène, l'entame par les choses que la passion

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