Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/351

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Mowbrai.

Si, par une promesse auguste et solennelle…

Betti.

Il m’a promis cent fois l’amour le plus fidelle.

Mowbrai.

A-t-il par un écrit ?…

Betti.

A-t-il par un écrit ?…Ô ciel ! qu’ai-je entendu ?
Quoi ? tu peux demander un écrit ! l’oses-tu ?
Un écrit ! oui, j’en ai… Les horreurs du naufrage,
Mes soins dans un climat que tu nommas sauvage,
Les dangers que pour toi j’ai mille fois courus ;
Voilà mes titres ! viens, puisqu’ils sont méconnus,
Dans le fond des forêts, barbare, viens les lire ;
Partout, à chaque pas, l’amour sut les écrire,
Au sommet des rochers, dans nos antres déserts,
Sur le bord du rivage et sur le sein des mers.
Il me doit tout. C’est peu d’avoir sauvé ta vie,
Qu’un tigre ou que la faim t’aurait cent fois ravie ;
Mes travaux, mes périls t’ont sauvé chaque jour…
Entre mon père et lui partageant mon amour…
Mon père !… Ah ! je l’entends à son heure dernière,
Au moment où nos mains lui fermaient la paupière,
Nous dire : Mes enfans, aimez-vous à jamais ;
Je t’entends lui répondre : Oui, je te le promets.
(Se tournant vers le Quaker.)
Tu t’attendris…

Belton, à part.

Tu t’attendris…Ô ciel ! quel homme impitoyable