Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t4.djvu/370

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Nébi.

L’air natal. Cela ne m’arrange-t-il pas bien, moi ?

Kaled.

Eh !… l’air natal… Quanti je vais dans mon pays, je me porte bien.

Nébi.

Quel médecin ! apparemment que ses malades ne guérissent qu’à cinq cents lieues de lui ! L’ignorant ! il a bien fait d’éviter ma colère ; il s’est enfui dans mes jardins ; mais mes esclaves le poursuivent et vont vous l’amener. Mon argent, mon argent !

Kaled.

Votre argent ! Oh ! le marché est bon ; il tiendra.

Nébi.

Il tiendra ! Non, par Mahomet. J’obtiendrai justice cette fois-ci. Vous vous êtes prévalu du besoin que j’avais d’un médecin, c’est bien malgré moi que j’ai eu recours à vous ; mais je n’en serai plus la dupe. Vous croyez que cela se passera comme l’année dernière, quand vous m’avez vendu ce savant ?

Kaled.

Quel savant ?

Nébi.

Oui, oui ; ce savant qui ne savait pas distinguer du maïs d’avec du blé, et qui m’a fait perdre six cents sequins, pour avoir ensemencé ma terre suivant une nouvelle méthode de son pays.