Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/288

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n'en fallait pas inoins , je vous assure ; car, quoi- que, dans votre dernière lettre, vous eussiez eu la barbarie de vouloir me letenir dans la capitale, toujours par votre manie de me voir une plus grande fortune , il est pourtant certain que j'au- rais juré, au mois de mai dernier, de ne pas j)asser l'hiver à Paris. Les obstacles étaient de nature à pouvoir être vaincus, et ma fortr.no n'en était pas un. Vous m'a\cz mandé qu'il fldlait , pour vivre agréablement en Provence, avoir trois mille livres de rente : au temps où vous me parliez , j'en avais quatre mille. Je posais la barre à ce terme , et je n'étais, pas mécontent ; c'est vous cjui avez voulu que j'allasse plus loin: vous voilà satisfait, et il y a à parier que d'ici à six mois, vous le serez infiniment davantage. Il restera ensuite à satisfaire votre autre manie, que j'aie de la célébrité. Je ne promets pas que j'y réussisse également.; mais, sojt que cette fantaisie me prenne, soit que je garde ma répugnance pour cette célébrité dont vous paraissez faire trop de cas, il est sur que, tran- quille sur mon avenir, je travaillerai beaucoup davantage et même mieux, et cjue j'aurai plus de titres à cette célébrité, si je les manifeste , ce que j'ignore, car j(î suis bien endurci dans le péché. Je crois que vous seriez de mon bord, si, comme moi, vous veniez voir, de suite et long-temps, notrepu- blic parisien. Au surplus , alors comme alors : je ne suis pas d'une pièce ; je suis immuable quand les choses ne changent pas , mais je suis mobile

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