Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t5.djvu/325

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DE CHAMFORT. ' 3f9

croiriez-vous que j'y ai trouvé? le nom de Girar- don,qui avait caché là son immortalité. Cela ne vous paraît-il pas l'emblème de la protec- tion intéressée , accordée aux beaux-arts par un despote orgueilleux , et en même temps de la modeste bêtise d'un artiste, homme de génie , qui se croit honoré de travailler à la gloire d'un tyran ? Plus j'étudie l'homme , plus je vois que je n'y vois rien. Au reste, il serait plaisant que Gi- rardon se fût dit en lui-même : « La gloire de ce roi ne durera pas , sa statue sera renversée par la postérité indignée de son despotisme; et son che- val , en levant le pied , parlera de ma gloire aux regardans. » Cet artiste-là aurait eu une philoso- phie qu'on pourrait souhaiter aux Racine et aux JBoileau.

A propos de roi , ou m'a dit qu'on parlait de vous pour l'éducation du prince royal. J'y trouve une difficulté. Comment saurez-vous quel mé- tier il faut faire apprendre à votre élève , en cas que les Français ressemblent aux Parisiens? Pre- nez-y garde : cette difficulté vaut bien qu'on la propose.

Vous êtes sûrement bien aise que Grouvelle soit secrétaire du conseil , et par conséquent qu'un mauvais génie ne l'ait pas placé , il y a sept ou huit jours, comme le bruit en avait couru. Il trouvera ce métier bien doux, auprès de celui de président de section , qu'il a fait pendant la ter- rible nuit d'avant hier. Un président de section

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