Page:Chamfort - Maximes, Pensées, Caractères et Anecdotes, 1796, éd. Ginguené.djvu/264

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dre le ton pathétique. L’oncle prend la parole & lui conte deux ou trois indignités de son neveu. — Il a fait pis que tout cela, reprend Diderot. Et quoi ? dit l’oncle. — Il a voulu vous assassiner un jour dans la sacristie, au sortir de votre messe ; & c’est l’arrivée de deux ou trois personnes qui l’en a empêché. — Cela n’est pas vrai, s’écria l’oncle ; c’est une calomnie. Soit, dit Diderot ; mais quand cela serait vrai, il faudrait encore pardonner à la vérité de son repentir, à sa position & aux malheurs qui l’attendent, si vous l’abandonnez.

Parmi cette classe d’hommes nés avec une imagination vive & une sensibilité délicate qui fait regarder les femmes avec un vif intérêt, plusieurs m’ont dit qu’ils avaient été frappés de voir combien peu de femmes avaient de goût pour les Arts, & particulièrement pour la Poësie. Un Poëte connu par des ouvrages très-agréables me peignait un jour la surprise qu’il avait éprouvée en voyant une femme pleine d’esprit, de grâces, de sentiment, de goût dans sa parure, bonne musicienne, & jouant de plusieurs instrumens, qui n’avait pas l’idée de la mesure d’un vers, du mélange des rimes ; qui substituait à un mot heureux & de génie un autre mot trivial & qui même rompait la mesure du vers. Il m’ajoutait qu’il avait éprouvé plusieurs fois ce qu’il appelait un petit malheur, mais