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Duclos disait à un homme ennuyé d’un sermon prêché à Versailles : pourquoi avez-vous entendu ce sermon jusqu’au bout ? — J’ai craint de déranger l’auditoire & de le scandaliser. — Ma foi, reprit Duclos, plutôt que d’entendre ce sermon, je me serais converti au premier point.

M. d’Aiguillon, dans le tems qu’il avait Made. du Barr, prit ailleurs une galanterie : il se crut perdu, s’imaginant l’avoir donnée à la Comtesse. Heureusement il n’en était rien. Pendant le traitement qui lui paraissait très-long & qui l’obligeait à s’abstenir de Made. du Barry, il disait au médecin : ceci me perdra, si vous ne me dépêchez. Ce médecin était M. Busson qui l’avait guéri en Bretagne, d’une maladie mortelle, & dont les autres médecins avaient désespéré. Le souvenir de ce mauvais service rendu à la Province avait fait ôter à M. Busson toutes ses places après la ruine de M. d’Aiguillon. Celui-ci devenu Ministre fut très-long-tems sans rien faire pour M. Busson, qui en voyant la manière dont le Duc en usait avec Linguet, disait, M. d’Aiguillon ne néglige rien ; hors ceux qui lui ont sauvé l’honneur & la vie.