acceptant avec courage les désavantages & les inconvéniens qu’il peut produire.
Pour parvenir à pardonner à la raison le mal qu’elle fait à la plûpart des hommes, on a besoin de considérer ce que ce serait que l’homme sans sa raison. C’était un mal nécessaire.
Il y a des sottises bien habillées comme il y a des sots très-bien vêtus.
Si l’on avait dit à Adam, le lendemain de la mort d’Abel, que dans quelques siècles il y aurait des endroits où dans l’enceinte de quatre lieues quarrées, se trouveraient réunis & amoncelés sept ou huit cent mille hommes, aurait-il cru que ces multitudes pussent jamais vivre ensemble ? Ne se serait-il pas fait une idée encore plus affreuse de ce qui s’y commet de crimes & de monstruosités ? C’est la réflexion qu’il faut faire pour se consoler des abus attachés à ces étonnantes réunions d’hommes.
Les prétentions sont une source de peines, & l’époque du bonheur de la vie commence au moment où elles finissent. Une femme est-elle encore jolie au moment où sa beauté baisse, ses prétentions la rendent ou ridicule ou malheureuse : dix ans après, plus laide & vieille, elle est calme & tranquille. Un homme est dans l’âge où l’on peut réussir & ne pas