Page:Chamfort - Maximes et pensées éd. Bever.djvu/138

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les sentimens, ou les idées de la vie entière, et les réunir dans l’espace de vingt-quatre heures, on le ferait ; on vous ferait avaler cette pilule, et on vous dirait : « allez-vous-en. »

CCLX

Il ne faut pas regarder Burrhus comme un homme vertueux absolument. Il ne l’est qu’en opposition avec Narcisse. Sénèque et Burrhus sont les honnêtes gens d’un siècle où il n’y en avait pas.

CCLXI

Quand on veut plaire dans le monde, il faut se résoudre à se laisser apprendre beaucoup de choses qu’on sait par des gens qui les ignorent.

CCLXII

Les hommes qu’on ne connaît qu’à moitié, on ne les connaît pas ; les choses qu’on ne sait qu’aux trois-quarts, on ne les sait pas du tout. Ces deux réflexions suffisent pour faire apprécier presque tous les discours qui se tiennent dans le monde.

CCLXIII

Dans un pays où tout le monde cherche à paraître, beaucoup de gens doivent croire, et croient en effet qu’il vaut mieux être banqueroutier que de n’être rien.