Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/49

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Deux années se passèrent, sans qu’il se fît beaucoup de progrès.

En 1617 et en 1618, Champlain revint au Canada. Mais le manque de secours laissait toujours l’habitation dans le même état de langueur.

A force de persévérance, il obtint enfin, pour l’année 1619, quelques munitions de guerre, et des provisions de bouche ; la compagnie s’engageait à envoyer quatre-vingts personnes, «y compris le chef, trois pères récollets, commis, officiers, ouvriers et laboureurs.»

L’année 1619 s’écoula, et, de toutes ces promesses de secours et d’hommes, aucune ne fut tenue. Cependant, on se plaignait partout de la compagnie, qui, jouissant d’un privilège fort avantageux, ne remplissait point ses engagements envers la colonie. D’une autre part, la concorde était loin de régner parmi les associés. Les huguenots avaient à cœur de ne pas voir la religion catholique s’enraciner dans le Canada ; tandis que les catholiques se réjouissaient des efforts qu’on faisait pour l’y établir. De là naissaient des divisions et des procès ; chaque parti se défiait de l’autre, et entretenait son commis particulier, chargé d’examiner tout ce qui se passait à Tadoussac et à Québec[1].

Franc, loyal et honnête, Champlain ne leur ménageait aucun reproche, au sujet de leur conduite. Aussi voulurent-ils se délivrer d’un censeur incommode, en l’obligeant à s’occuper de découvertes, pendant que Pont-Gravé resterait à Québec, revêtu du commandement, et chargé de la traite. Ils espé-

  1. Ferland, Cours d’Hist. du Canada.