Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/72

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nai ; qu’ils le suivraient, espérant néanmoins nous revoir la prochaine année avec l’aide de Dieu.»[1]

Champlain quitta Québec le 24 juillet, avec Thomas Kertk. Le lendemain, comme on était par le travers de la Malbaie, on aperçut, du côté du nord, un vaisseau qui mettait sous voile, et tâchait de gagner le vent, pour éviter la rencontre. Il se trouva que c’était Emeric de Caen. Le capitaine anglais commanda d’approcher, pour le saluer de quelques canonnades, «qui lui furent aussitôt répondues par autres coups de meilleure amonition.» Comme il voulait en venir à l’abordage, il lit descendre Champlain et les autres français sous le tillac, et clouer les panneaux sur eux. Le vaisseau anglais aborda de bout, et cramponna une patte de son ancre à celui d’Emeric de Caen ; de manière que les assaillants ne pouvaient entrer que par le beaupré, un à un, et ceux qui risquaient le passage étaient sûrs de se faire massacrer les uns après les autres. En attendant, l’équipage de Kertk se faisait foudroyer. Une partie de ses hommes se jetèrent au fond du vaisseau, et il se vit obligé de les faire remonter à coups de plat d’épée. Enfin Émeric de Caen, craignant peut-être de ne pouvoir conserver longtemps l’avantage de sa position, voyant d’ailleurs approcher les deux pataches anglaises, cria : Quartier ! quartier ! Thomas Kertk ne se fit pas prier ; le combat cessa de part et d’autre.

Émeric de Caen, apprenant que Champlain était

  1. Les familles qui restèrent à Québec étaient au nombre de cinq (voir Édit. 1632, deuxième partie, p. 249, note 2). Ce sont ces familles que l’auteur appelle quelquefois habitants, par opposition au personnel de la traite, qui formait une population flottante et mobile. Toutes les personnes qui n’étaient ici que pour le service de la compagnie, retournèrent en France ; les habitants demeurèrent.