Les Voyages de Champlain.
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Oiiygoudy. Cefte riuiere eft dangereufe fi on ne recognoift bien certaines pointes & rochers qui font des deux coftez. Elle eft eftroide en fon entrée, puis vient à s’eflargir : & ayant doublé vne pointe elle eftrecit de rechef, & fait comme vn faut éntre deux grands rochers, où l’eau y court d’vne il grande vitefte, que y iettant du bois il enfonce en bas, & ne le voit on plus. Mais attendant le pleine mer, l’on peut pafter fort aifement ce deftroid : & lors elle s’eflargit comme d’vne lieue par aucuns endroids, où il y a trois iiles. Nous ne la recogneufmes pas plus auant : Toutesfois Ralleau Secrétaire du fteur de Mons y fut quelque temps après trouuer vn fauuage appellé Secondon(i) chef de ladide riuiere, lequel nous raporta qu’elle eftoit belle, grande & fpacieufe : y ayant quantité de preries & beaux bois, comme chefnes, heftres, noyers & lambruches de vignes fauuages. Les habitans du pays vont par icelle riuiere iufques à Tadouflac, qui eft dans la grande riuiere de faind Laurens : & ne paftent que peu de terre pour y paruenir. -De la riuiere faind Iean iufques à Tadouftac y a 65. lieues(2). A l’entrée d’icelle, qui eft par la hauteur de 45. degrez deux tiers(3), y a vne mine de fer.
De la riuiere faind Iean nous fufmes à quatre iiles, en l’vne defquelles nous mifmes pied à terre, & y trouuafmes grande quantité d’oifeaux appeliez (1) Lescarbot l’appelle Chkmdun. .
(2) Si Fauteur veut indiquer la distance qu’il peut y avoir depuis l’endroit où l’on quitte la rivière Saint-Jean, jusqu’à Tadoussac, ce chiffre est beaucoup trop fort. Si, au contraire, il parle de la distance qu’il y a de l’embouchure de cette rivière jusqu’au même lieu, le chiffre est trop faible ; car, de l’embouchure de la rivière Saint-Jean à Tadoussac, il y a, en ligne droite, à peu près cent lieues. (3) L’embouchure de la rivière Saint-Jean est par les 450 et un tiers. 171
1604.
